Chantier de fouilles S4: archéologues en herbe

Chantier de fouilles S4: archéologues en herbe

Publié le 30 juin 2017 dans Retour en images

Dimanche 25/06: Mont Sans Pareil. Nous enregistrons la fréquentation la plus basse de toute la résidence. Les rideaux s’écartent mais les personnes ne sortent pas sur le pas de leur porte. Par contre, le peu de passants qui viennent nous voir sont motivés. Le lexique se remplit et permet de délier les langue sur une réalité bien cachée du quartier. Derrière ses airs paisible se cache une réalité douce-amère.

La poésie se déclame à haute voix et s’écrit à la craie sur la chaussée:

Le quartier est bleu comme le soleil

Mont sans pareil! Rues sans pareil! Chiens sans pareil! Enfants sans pareil! Rosiers sans pareil! Jardins sans pareil! Terrains de jeux sans pareil! Lampadaires sans pareil!

Mon sans pareil à moi, tes rosiers en ronds-point malades et volets aboyant l’espoir mineur. Regarde les lampadaires de plain-pied disputent les compteurs à gaz!

Cité sans pareil / Jour de vent pas beaucoup de gens / Balade dans les champs

Lundi 26/06: Journée d’ateliers avec les CM de l’école Michelet, rue de Lille. Nous introduisons notre travail par une histoire fantastique, histoire qui explique aux petits et aux grands que l’imaginaire se trouve partout, sous une dalle de faux-plafond soulevée, ou sous le macadam des rues, ou sur le pas des portes. L’imaginaire est pourtant fragile. Dans la rue, il est caché, voire abimé. Par la dureté du béton, par la pollution, mais aussi à cause des gens pressés, qui ne prennent plus le temps d’observer et de rêver, des portes fermées. Alors oui, c’est ça notre travail, fouiller l’imaginaire de la rue, tels des archéologues. Il faut fouiller, prendre le temps d’observer, aller gratter sous la surface des choses, soulever le macadam et imaginer ce qui peut bien se cacher dessous, regarder une poubelle renversée comme le témoin d’une histoire fantastique passée. Mais il faut fouiller lentement, délicatement, car ce fragment d’imaginaire fébrile pourrait disparaitre à tout jamais si nous ne le manipulions pas avec grandes précautions.

ça y est, les enfants revêtent leur combinaison d’archéologues du futur. Ils observent du mobilier urbain qu’ils connaissent si bien:

Si une grille n’empêche pas les intrus d’entrer dans le jardin de Rosa Luxembourg, à quoi peut-elle bien servir? Mais à protéger les passant des plantes carnivores qui sont dans ce jardin! Ces que les plantes sont devenues si envahissantes dans le futur, qu’il vaut mieux les enfermer!

Et cette poubelle? Ce doit être un pressoir à vin, bien évidemment.

Et ce container à verre? C’est le terrible « attrape-gosse », robot qui sort ses bras tentaculaires pour enfermer les enfants pas sages dans son ventre (il peut contenir jusque 3 garnements!).

Mardi 27/06:

Nous décidons d’oser le challenge de faire écrire de la poésie aux enfants de l’école Michelet. Sortis devant l’école, nous notons tous les mots de la rue, nos ressentis, les bruits, les odeurs. Nous pensons à des animaux. Les enfants se prennent au jeu: des pages entières se remplissent de Haïkus, ces petits poèmes japonais de 3 vers.

Un bizarre oiseau / Sur le dos d’une moto / Qui fait du vélo

Rue pleine de décos / Panneaux vélos et bancos ! / Sans aucune nature

Un passage piéton / Sous la surveillance alerte / D’une boite aux lettres

La route de l’école / Un rhinocéros si triste / Des panneaux de pub

Nous testons ce même atelier à la médiathèque du Mont-Liébaut. Un groupe de femmes nous montrent qu’il n’est même pas utile de savoir écrire pour faire de la poésie! Le quartier révèle un univers marin insoupçonné, ce que nous confirmera l’atelier du lendemain. Mais où sont les marins? Et Noé, que ferait-il de cette arche sur la place de la communication?

Mercredi 28/06: Notre atelier du matin n’attire personne. Nous en profitons pour mettre au point la ballade du 13 juillet entre la place de la communication et la résidence Bristol. Des interventions éphémères ponctuant le parcours sont évoquées, mais il nous faudra trouver des complices sur le chemin.

L’après-midi, nous organisons un dernier atelier d’écriture de Haïkus à la médiathèque Buridan. Enfants et adultes de l’aide aux devoirs du Secours Catholique observent l’arche de la communication avec minutie, et lui inventent un nouvel imaginaire.

Jeudi 29/06-Vendredi 30/06: lentement, le 13 juillet approche, journée de restitution de la résidence. Nous nous concentrons donc sur la retranscription et la numérisation de tout ce qui a été collecté depuis le début. Il faut traiter des heures d’enregistrement, des kilomètres de papier, des tonnes de mots et d’idées. Les plaques que nous aimerions installer dans l’espace public avec toute ces interprétations décalées, ces Haïkus et ces lexiques, sont à l’essai dans un fab-lab de Lille.

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