Elle pas princesse… : entretien avec Magali Mougel et Johanny Bert

Elle pas princesse… : entretien avec Magali Mougel et Johanny Bert

Publié le 15 mars 2017 dans Autour des spectacles

En décembre 2014 avant la création, Maïa Bouteillet interviewait Magali Mougel, autrice, et Johanny Bert, metteur en scène, à propos du spectacle Elle pas princesse, lui pas héros.

Qu’est-ce qu’une petite fille ? Qu’est-ce qu’un petit garçon ?

Magali Mougel : Alors, une petite fille, ça adore tout ce qui est rose. Une petite fille, ça adore les cupcakes. Une petite fille, ça adore les animaux mignons, particulièrement les licornes. Les petites filles, ça adore les bonbons. Ça adore sa maman, ça adore tout ce qui est sucré…

Johanny Bert : Être une petite fille, c’est être toujours habillée en robe…

M.M. : Une petite fille, ça adore la musique qu’est trop mignonne…Une petite fille, ça adore les dessins animés. Ça adore les jolies petites robes, et puis surtout ça adore quand c’est doux…

J.B. : Pour moi, les petits garçons, ils doivent se chamailler et tirer les cheveux de leur petite sœur.

M.M. : Un petit garçon, c’est forcément turbulent. Un p’tit garçon ça court partout et c’est hyper actif…

J.B. : Pour moi, les p’tits garçons, ils doivent jouer au foot avec leur papa.

M.M. : Et puis un petit garçon, tant qu’à faire, s’il peut tout casser sur son passage, et bien il le fait.

Quelle est l’idée du projet ?

J.B. : Lorsque les spectateurs arrivent, ils sont accueillis par les acteurs qui les partagent en deux groupes pour les emmener dans deux lieux. Deux lieux qui peuvent être deux endroits dans la bibliothèque, deux endroits dans la salle polyvalente, deux endroits dans l’école, deux endroits du théâtre peu importe… L’idée est que les acteurs ne soient pas dans un espace théâtral avec des rideaux, avec du décor, mais qu’ils soient en lien directement avec les spectateurs. Chaque acteur va raconter que, quand il était petit il n’avait pas forcément envie d’être une petite fille, et de l’autre côté, l’autre acteur va raconter qu’il n’avait pas forcément envie d’être un petit garçon. Ça va durer 20 à 30 minutes, il y aura un petit entracte, puis les groupes vont se croiser et vont voir l’autre partie, rencontrer l’autre acteur. L’idée est de participer à une sorte de puzzle. Les deux acteurs vont être très autonomes, c’est-à-dire qu’ils auront sur eux des accessoires, peut-être une valise avec quelques éléments, quelques formes marionnettiques. Ils pourront jouer ce spectacle en s’adaptant à chaque lieu avec très peu d’éléments et surtout en étant très proches des spectateurs. Ils vont raconter leur histoire, inventer des choses de leur histoire au fur et à mesure du spectacle. Ce procédé instaurera un rapport direct entre l’acteur, les spectateurs, le texte et les quelque éléments ou objets qu’ils ont avec eux.

Quel est le processus d’écriture ?

M.M. : Quand je commence un travail ou que j’ai une idée d’écriture, il y a toujours un petit temps d’enquête, c’est-à-dire que je vais lire plein de choses, aussi intellectuelles que futiles, trouvées par exemple sur Internet ou trouvées dans des livres, je vais m’intéresser aussi à comment la thé- matique a pu être traitée par d’autres. Après il y a aussi beaucoup la musique et le cinéma qui entrent en ligne de compte. Ce qui est passionnant, c’est le moment où le projet va voir le jour sur le plateau , dès lors qu’il y a la rencontre avec le comédien, où l’on voit le corps, où l’on voit comment il travaille au plateau, comment il arpente la scène…Tout cela déclenche le désir d’écriture, celui de l’emmener à un endroit plutôt qu’à un autre. C’est déterminant dans l’écriture, ce va-et-vient entre un travail solitaire et un travail sur le plateau. Ce sont des aspects complémentaires qui sont importants pour moi. Là sur ce projet, le travail d’écriture va démarrer un peu en amont, pour poser des jalons, pour voir comment va s’organiser la narration. Ensuite, c’est pouvoir assez rapidement rencontrer les acteurs pour les voir bouger au plateau, pour savoir ce qu’ils ont envie de raconter, pour voir comment on peut intégrer de leur intimité dans l’écriture et essayer de faire en sorte que ce soit une histoire qui soit la plus proche d’eux. On va naviguer entre l’écriture et l’improvisation et faire se rencontrer ces choses par la suite.

J.B. : Pour moi, travailler avec des auteurs vivants, c’est très important. L’enjeu face au jeune public est de leur expliquer, de leur raconter qu’il y a des contes – des contes traditionnels qu’ils connaissent, ceux de Grimm et de Perrault –, et qu’il y a aussi des auteurs d’aujourd’hui qui écrivent sur des sujets d’aujourd’hui. Bien entendu, les contes parlent d’identité et de plein de sujets, on a besoin de ces fondamentaux, mais on a également besoin d’utiliser les mots et les images d’aujourd’hui pour raconter aux enfants d’aujourd’hui des histoires qui les concernent. La société évolue, les clichés évoluent, et ces auteurs contemporains écrivent des histoires qui peuvent parler aux enfants d’aujourd’hui.

Quel est le point de départ de l’écriture ?

M.M. : Quand on a six ans, on n’a pas toujours conscience de ce qui va être important ou non dans la façon dont on va se construire. On ne sait pas quel modèle on va choisir de garder pour se construire. Ce qui est certain, c’est que si on n’a accès qu’à un certain type de modèles sans avoir la possibilité de le remettre en question, on va se retrouver dans des vêtements qui ne sont pas forcément à notre taille. Moi je rêvais d’être un garçon 

J.B. : C’est vrai ? Quand t’étais petite, tu rêvais d’être un garçon ?

M.M. : Oui, moi je rêvais d’être un garçon, je trouvais ça trop cool…

J.B. : Tu voulais faire quoi ?

M.M. : Je voulais être chauffeur poids lourd. 

 

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