Voici le rêve dont sont faits les metteurs en scène : se réveiller une nuit d’insomnie, s’asseoir sur le bord du lit et contempler les paupières encore lourdes de sommeil la famille des personnages réunie. Ils sont tous là –même ceux qui résistaient à apparaître la veille encore. Ils vous regardent en souriant, disponibles, prêts à en découdre avec la pièce. Vous n’en croyez pas vos yeux et en effet, ce n’est qu’un rêve.
Pour son retour dans les murs, l’ancien directeur de la Comédie s’empare du plus grand des poètes dramatiques. Thierry Roisin qui était resté étranger à ce territoire-là nous entraine dans une Tempête comme on n’en vit encore jamais. Créé à Ouagadougou, le spectacle est porté par une équipe composée de nombreux artistes du Burkina Faso.
Si Thierry Roisin a rêvé à une telle distribution c’est qu’à ses yeux les éléments surnaturels et magiques ne sauraient être pris en charge par des comédiens européens. Prospero ainsi que les nobles napolitains seront interprétés par des acteurs africains. Les autres par des Européens. Le metteur en scène illustre par là la domination d’une culture sur une autre. Prospero, duc de Milan en exil, cherche à imposer son système de pensée, ses valeurs, à ses concitoyens Caliban, Ariel et Miranda eux aussi prisonniers de l’île.
Or il s’agit de trouver l’équilibre entre la portée dramatique et métaphorique de la pièce et sa dimension indiscutablement comique. La truculence de l’oeuvre brille d’autant plus qu’elle se niche souvent, constate le metteur en scène, au coeur de la soif de liberté des personnages qui ne cessent de nous prendre à parti. En cela Thierry Roisin semble poursuivre le geste d’Aimé Césaire qui dans sa réécriture de 1969, clôt sa pièce avec ce cri : “LA LIBERTÉ OHÉ, LA LIBERTÉ !”
- De
- William Shakespeare
- Mise en scène
- Thierry Roisin | Groupe Beaux-Quartiers et le collectif Béneeré
- Texte
- Thierry Roisin, Anne-Marie Vennel
- Adapté librement de la traduction de
- André Markowicz
En bref...
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