Le Chagrin : news after show
News after show, quésaco ? C’est un « bonus » destiné à celles et ceux qui viennent de voir le spectacle à la Comédie. Comme une dernière petite friandise.
Pour Le Chagrin, Mariette Navarro, dramaturge, et Alice Duchange, scénographe, reviennent sur les origines de la scénographie en mots et en images.
Au moment de préparer cette « News after show » autour du Chagrin, ce qui me frappe c’est à quel point le spectacle ressemble finalement à ce dont nous avions rêvé, tout en devenant un objet autonome, habité par les acteurs et les personnages, leurs histoires singulières. Je vous propose un petit retour en arrière sur la naissance de cet espace scénique particulier, conçu par l’équipe des Hommes Approximatifs et la scénographe Alice Duchange.
Au départ, nous savions qu’il serait question de non-dits, de silence, de ce qui hante les familles, de la difficulté de communiquer entre un frère et une sœur juste après la mort de leur père, et de ce que ça réactive d’enfance, pour l’un comme pour l’autre. Question donc, d’imaginer un autre langage que celui des mots.
Alice s’est immédiatement intéressée aux artistes d’art brut, cet art de l’urgence et de la pénurie, des obsessions et des symptômes qui reviennent déguisés sous une forme poétique ou plastique. Nous nous sommes dit que, face à la mort du père, c’est par la fabrication plastique que nos personnages pourraient tenter de « réparer » quelque chose, ou de retrouver une forme de lien.
Pour la première fois dans le travail de la Compagnie des Hommes Approximatifs, nous ne sommes pas dans un espace réaliste – on ne peut pas affirmer de façon précise que nous nous trouvons chez un personnage ou un autre – mais dans ce qui pourrait s’apparenter à un « musée du Chagrin », du deuil, du jeu et de la tendresse qui unit tous ces personnages: un espace d’exposition des relations humaines dans leur complexité et leur douleur.
A partir de ces premières pistes et influences (nous savions aussi que des images violentes et des matériaux plastiques et sonores liés à l’enfance viendraient cohabiter et créer cette inquiétante étrangeté), le décor s’est construit au fur et à mesure des répétitions, les objets utilisés en jeu ont peu à peu trouvé leur place dans les niches et sur les murs. Le Chagrin ne cesse pas d’évoluer, de se remplir de la mémoire de chaque représentation, l’accumulation des improvisations laisse sa marque dans l’accumulation des objets, des dessins, des traces.
Les comédiens ont progressivement trouvé chacun leur façon de construire et d’habiter ce lieu, de le remplir du bruit du monde.
Mariette Navarro, janvier 2016
croquis d’Alice Duchange
inspirations
la maison de Bodan Litnianski
Roger Ballen
autres inspirations