Demain dès l’aube est une polyphonie à deux voix, un ensemble de chants poétiques. La référence à Victor Hugo dans le titre semble confirmer que pour Pierre Notte la littérature dramatique est avant tout une affaire de rythme et de musicalité, que la pièce soit écrite en vers ou non.
La pièce prend la forme d’une ultime veillée avant l’arrivée du jour nouveau. Une veillée que l’on étirerait jusqu’aux premiers signes du lever du soleil. C’est l’aventure d’un couple de femmes que les années séparent. La première, la jeune femme, entre dans la vie à mesure que la seconde, plus âgée, s’efface. Toutes deux se retrouvent à une grande table, se disent les choses essentielles qu’il reste à dire.
C’est un temps arrêté. Sous le regard de La Fille, La Dame peaufine sa lettre d’amour à Charles Aznavour. On se rappelle les escapades, les virées à deux, et cette nuit passée enfermées au BHV. On s’invective, on se chahute, dans une complicité sans cesse renouvelée.
Le point de départ est réaliste mais par bouffées on s’en extrait, le réel et le fantasmé se mêlent. C’est un « feu d’artifice » note la grand-mère. De ces feux d’artifice qui se terminent par un « bouquet final ».
Dans ce dialogue de fantômes, ce qui frappe c’est l’injonction à résister à ce qui serait attendu de nous. Ne pas plier donc et cultiver l’incongru, exiger de la vie son lot de surprises.
Passionnée par les écritures d’aujourd’hui, la metteure en scène Noémie Rosenblatt a commandé une pièce à Pierre Notte. On devine que le spectacle sera drôle et touchant, mélancolique et délirant. Pierre Notte est de ces écrivains qui savent parler de la famille : des déjeuners du dimanche, et aussi de ce que l’on s’impose et de ce que l’on traîne derrière soi. Des petits dérèglements et puis des grandes névroses. De tout ce qui agite nos familles que l’humour corrosif de l’auteur nous aide à supporter. « La vie est lente, nous rappelle Guillaume Apollinaire mais, l’Espérance est violente ». Alors espérons, embrassons ce qui vient et profitons avant que le jour ne se lève.
- De
- Pierre Notte
- Mise en scène
- Noémie Rosenblatt | compagnie du Rouhault
- Avec
- Évelyne Istria, Chloé Olivères
- Création lumière
- Julia Riggs
En bref...
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