Comment transmettre ? Ce n’est pour Charlotte Lagrange pas tant la question du savoir, des gestes, des désirs, des lois à partager, que la manière que l’on aurait de se tourner vers les générations à venir. Comment approcher ceux qui arrivent et qui semblent maitriser ce monde mieux que nous-mêmes ?
Aux suivants brasse l’intime, le familial et du plus global. Il sera question d’héritage, de dette, de legs dans une narration fragmentaire. Parler du monde comme il va en se gardant de toute simplification. Il faut multiplier les points de vue pour que chaque spectateur trouve sa voie, annonce la jeune auteure et metteure en scène qui, après un solo écrit avec une artiste acrobate, Je suis nombreuse, propose un nouveau spectacle de théâtre écrit au plateau.
Être attentif à ce qui émerge là devant nous. Voilà pour le projet mais pour parler de cette histoire à venir, il faut s’atteler à un processus d’écriture inédit. Ce qui nécessite de se questionner à partir de ce qui a été proposé aux interprètes ; soit un feuilleté littéraire composé de pièces classiques comme Électre ou Hedda Gabler et aussi d’écrits sociologiques ou philosophiques.
Pour aborder cette “toute autre histoire”, Charlotte Lagrange fait sienne les interrogations de Michel Serres. Dans Petite Poucette, le philosophe évoque une rupture entre les années 70 et aujourd’hui, soit l’apparition de jeunes qui “n’ont plus la même tête”, n’habitent plus “le même espace” ni ne parlent “la même langue”. Avec sa bande, Charlotte Lagrange s’empare de ce qui sépare, c’est salutaire et c’est joyeux. Et puis, pour cette génération qui vient : “tout est à refaire, puisque tout reste à inventer”.
- Écriture, mise en scène
- Charlotte Lagrange | La Chair du Monde
- Avec
- Hugues De La Salle, Guillaume Fafiotte, Julie Palmier, Martin Selze, Marie-Aude Weiss
- Lumière
- Claire Gondrexon
- Son
- Samuel Favart Mikcha
En bref...
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