Tout commence avec une histoire de transmission : Sosie, valet d’Amphitryon, est envoyé annoncer la nouvelle de la victoire à Alcmène, la jeune épouse de son maître. Or la nouvelle lui est déjà parvenue : le dieu Jupiter, tombé sous le charme de la femme du général, a pris les traits d’Amphitryon et s’en est lui-même chargé, s’assurant ainsi les faveurs de la belle. Rencontrant un double de lui-même, Sosie reste à la porte du domicile et se fait rosser par Mercure. Enfin de retour, le véritable Amphitryon ne peut qu’accuser le pauvre Sosie d’ivrognerie.
L’imposture est poussée à son comble : tout comme son maître, Sosie est privé de son nom, de sa personnalité, de son identité. Les dieux abusent de leur toute-puissance et se jouent cruellement des humains. Descendu des cieux pour son seul plaisir, la conduite de Jupiter se révèle aussi condamnable que celle du plus indigne des hommes. Le dieu des dieux est un imposteur et un manipulateur.
Contemporain de Molière, Galilée affirme que c’est bien la Terre qui tourne autour du Soleil et non l’inverse. Quelle est alors la place de l’Homme dans le monde et celle de Dieu chez l’homme ? C’est cette double question qui sous-tend la mise en scène de Guy Pierre Couleau et qui prend forme sur le plateau. Sur scène le ciel est à hauteur d’hommes ; les comédiens s’interpellent entre les planètes. Et l’on retrouve la mélancolie du Major Tom de David Bowie, perdu dans l’espace, larguant les amarres, contemplant cette petite bulle bleue qu’on appelle Terre. Toute transmission coupée.
- Texte
- Molière
- Mise en scène
- Guy Pierre Couleau | Comédie de l'Est – CDN d’Alsace
- Interprétation
- Isabelle Cagnat, Luc-Antoine Diquéro, Kristof Langromme, Nils Öhlund, François Rabette, Jessica Vedel, Clémentine Verdier
- Assistanat à la mise en scène
- Carolina Pecheny
En bref...
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