interview de Pauline Bureau et Nicolas Chupin (Le Bien Public, 16/2/15)

interview de Pauline Bureau et Nicolas Chupin (Le Bien Public, 16/2/15)

Publié le 1 mars 2016 dans Autour des spectacles
Interview publié initialement dans le journal Le Bien Public du 16 février 2015

Dormir cent ans : « Il y a une part de rêve »

Dormir cent ans : tout un programme qui interroge le début de l’adolescence, dont nous parlent Pauline Bureau, metteur en scène, et Nicolas Chupin, comédien.

Est-ce difficile d’écrire pour des enfants ?

Pauline Bureau : « Moi, j’avais envie de tourner autour de la Belle au bois dormant, mais c’est quelque chose d’assez lointain, dans des thèmes tels que la préadolescence et ce que ça raconte. Un texte de Bruno Bettelheim* dit que la Belle au bois dormant, c’est la phase de latence, elle s’endort, c’est le moment où on est assez passif, ça travaille à l’intérieur avant de devenir adolescent. J’avais envie de travailler là-dessus, et du coup j’ai commencé à écrire un peu à ce sujet. En septembre, j’ai travaillé trois semaines avec les acteurs autour des premières choses que j’ai proposées, eux se sont emparés de certaines choses. J’ai donc retravaillé en écriture, et on s’est retrouvés dans un théâtre à partir du 5 janvier pour commencer à travailler avec la technique, car il y a une part de vidéo qui est assez importante, de lumière et de son aussi. Depuis le 26, on est tous ici à Dijon, et ça a fini de se tisser ensemble, au plateau. »

Le format court, une heure, est-il plutôt un avantage ?

Pauline Bureau : « On raconte vraiment une histoire, complète, avec un début, un milieu et une fin. »

Nicolas Chupin : « ça laisse quand même aux enfants l’opportunité de réfléchir et de rêver, quand même. Ce n’est pas totalement fermé, comme à chaque fois qu’on va au théâtre, on peut se faire sa propre idée. »

Pauline Bureau : « C’est vrai que comme dans l’histoire il y a une part de rêve, sur le plateau, ça permet à chacun d’avoir son interprétation. Même dans les histoires dont le sens n’apparaît pas très ouvert, on s’aperçoit que chacun les reçoit d’une façon radicalement différente. Mais là, d’autant plus qu’il y a une part d’imaginaire, donc d’histoire non linéaire et qui n’est pas expliquée ni explicable, ça laisse un vaste champ d’évocations. »

La thématique fait-elle référence à quelque chose d’important dans votre vie ?

Pauline Bureau : « L’adolescence, c’est un moment difficile, mais ça passe. Ce moment de vie là, pour moi, était compliqué. Mais pas que pour moi ! il y a une vraie difficulté entre moi et le monde, moi et les autres, moi et moi ! Parler de ça, et de la possibilité que c’est comme l’évasion, que l’imagination permet la construction, c’est important. D’ailleurs, l’un des deux enfants a un ami imaginaire que joue Nicolas. C’est ça que m’a apporté le théâtre. »

Vous avez commencé tôt…

Pauline Bureau : « Au lycée, vers 14 ans, au moment où on sort de cette période de préadolescence. »

Le fait que le spectacle soit pour un public plus jeune que les préados en question, est-ce aussi pour les rassurer sur leur avenir ?

Pauline Bureau : « Oui, je crois que le principe des contes de fées, c’est ça. La Belle au bois dormant, elle est plus âgée que les petites filles de 8 ans, mais quand on est enfant on a vraiment envie de grandir et qu’on nous raconte comment ça va être demain. On peut s’identifier si on a l’âge des personnages, mais aussi quand on est enfant. »

Y a-t-il des enfants, ou des ados, dans votre entourage qui peuvent nourrir votre réflexion ?

Nicolas Chupin : « On a nos enfants à nous, mais qui sont un peu plus petits. »

Pauline Bureau : « Mais on se projette ! »

Nicolas Chupin : « Et puis l’expérience personnelle, on l’a tous vécu, ce moment compliqué, je pense. Plus ou moins à 13 ou 14 ans, parfois ça se décale dans le temps. Il y a aussi l’inspiration visuelle, ce qu’on voit dans la rue, comment se comportent les jeunes. C’est un peu une sensation. »

Être associée au TDB, ça apporte quoi en termes de confort de travail, d’écriture ?

Pauline Bureau : « Il y a une vraie fidélité, c’est un gros confort, comme avoir une maison. En plus, c’est une maison de création, on se sent accompagnés et soutenus. Là, on a déjà fait un certain nombre de spectacles, donc on retrouve l’équipe, dans les bureaux ou l’équipe technique (Fanfan au plateau et Jean-Marc au son), et un vrai lien se tisse avec le public, qui reconnaît les acteurs. En plus, ici, il y a un atelier derrière, un studio de son, ça avance vite. »

Vous êtes l’ami imaginaire. Un vrai ami, un confident, une conscience ?

Nicolas Chupin : « Oui, de Théo. Je suis un peu tout ça. Théo vit avec son papa, il se sent seul. Il s’est inventé ce personnage pour pouvoir parler avec quelqu’un, le soir quand il rentre et que son papa n’est pas forcément là, il se raconte à cette grenouille. »

Côté musique, Vincent Hulot est un musicien fétiche, Pourquoi ?

Pauline Bureau : « On lui donne le texte, et il arrive avec des trucs, et surtout, comme les acteurs, il est là dès le premier jour des répétitions. Donc il participe vraiment à la création, et joue en live, et ça se construit au fur et à mesure. En plus, il joue de tous les instruments : guitare, basse, clavier, batterie… Par exemple, il y a une reprise de Because the night de Patti Smith que Nicolas chante, et Vincent peut jouer un instrument en répétition puis composer une bande avec plusieurs instruments qu’il joue lui. Il fait aussi tout le reste, c’est-à-dire les bruitages et les effets sonores. »

La première a lieu mardi, vous êtes prêts ? (interview faite vendredi 16 février 2015)

Nicolas Chupin : « Presque ! »

Pauline Bureau : « Maintenant, on a hâte de jouer devant les enfants et de voir leurs réactions ! »

* Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées. Robert Laffont éd., Paris, 1976.

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