corde. raide

En bref

Grâce à son écriture ciselée et un sens aigu du rythme, corde. raide suspend son public au déroulement d’une histoire fascinante.

Reconnue au Royaume-Uni pour ses œuvres engagées, debbie tucker green nous entraîne dans un univers captivant, inscrit dans un futur proche et mâtiné d’humour noir. La victime d’un crime est convoquée dans un bureau administratif. Il s’agit d’une procédure légale. Deux agents qui la prennent en charge sont bien en peine de la « mettre à l’aise » comme ils en ont reçu la directive… Ils s’empêtrent dans leurs explications, jusqu’à faire parfois basculer l’ambiance vers l’absurde.

Le décor, aseptisé, crée une atmosphère étrangement familière sans trop en dire sur cette œuvre qui dévoile son mystère peu à peu. Servie par une écriture épurée et tendue comme une corde, la pièce nous plonge dans une intrigue haletante et bouleversante. Impossible de demeurer de marbre devant ce texte redoutable qui aborde tout en finesse des problématiques très actuelles.

Texte
debbie tucker green

Mise en scène
Cédric Gourmelon

Traduction
Emmanuel Gaillot, Blandine Pélissier et Kelly Rivière

Jeu
Lætitia Lalle Bi Benie, Frédérique Loliée et Quentin Raymond

extraits du spectacle

L’ÉQUIPE ARTISTIQUE

Distribution

Texte
debbie tucker green

Mise en scène
Cédric Gourmelon

Traduction
Emmanuel Gaillot, Blandine Pélissier et Kelly Rivière

Jeu
Lætitia Lalle Bi Benie, Frédérique Loliée et Quentin Raymond

Scénographie
Mathieu Lorry-Dupuy

Lumières
Erwan Orhon

Son
Julien Lamorille

Régie générale
M’Hammed Marzouk

Production

Production
Comédie de Béthune – CDN Hauts-de-France

Texte lauréat du
Prix Domaine étranger des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre 2019 et publié aux éditions Théâtrales

La pièce est représentée en France par
Séverine Magois, en accord avec The Agency, Londres (theagency.co.uk, info@theagency. co.uk)

Avec le soutien du
Fonds d’Insertion pour Jeunes Comédiens de l’ESAD – PSPBB

Crédit photos
Simon Gosselin

Autres informations
hang a été créé au Royal Court Theatre à Londres le 11 juin 2015

Informations détaillées

Durée1h20
Âge minimaldès 15 ans
Créé le20 septembre 2022 à la Comédie de Béthune
Contact production & diffusionJo-Anna Dos Santos (@)

La tournée

Création

Comédie de Béthune

Du 20 au 27 septembre 2022

Dates passées

Grrranit – Scène nationale

Le 28 février 2023

Dates à venir

Théâtre de la Tempête La Cartoucherie Paris

Du 19 avril au 5 mai 2024

logo Télérama sorties

TnBA Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

14, 15, 16 et 17 mai 2024

Contact production & diffusion

Jo-Anna Dos Santos (@)

debbie tucker green

Découverte d’une autrice engagée

Lors d’une résidence de recherche à la Passerelle – Scène national de St Brieuc en avril 2018, Cédric Gourmelon et sa compagnie Réseau Lilas ont réuni plusieurs acteurs pour une plongée dans des textes non-traduits de l’autrice anglaise debbie tucker green, découverte en janvier avec la lecture de Born Bad, traduit de l’anglais par Gisèle Joly, Sophie Magnaud et Sarah Vermande.

Suite à cette résidence, la volonté de mettre en scène un texte de debbie tucker green se précise. La nomination à la direction de la Comédie de Béthune en 2021 va permettre d’avancer sur ce désir en créant en septembre 2022 corde. raide.

Cédric Gourmelon est particulièrement intéressé par la maitrise stylistique de debbie tucker green. Cette autrice a une maitrise de la langue et de la tension dramatique qui fait de corde. raide une pièce mystérieuse avec un suspens sur les enjeux moteurs de l’intrigue qui tient en haleine.

Quelques liens sur debbie tucker green :

Textes édités en français de debbie tucker green :

première séances de travail autour des œuvres de debbie tucker green en 2018

« C’est une écriture du silence. Ce qui n’est pas dit est le plus parlant. Le silence est pris dans la partition comme un son, une voix. (…) Je crois que debbie tucker green partage la même volonté de ne pas être compréhensible immédiatement, mais au contraire de faire un maximum de bruit, faire du sale avec la langue. Lui redonner une étrangeté, une sensualité, une éloquence, une force. »

Entretien avec Sébastien Derrey autour de mauvaisehttps://www.mc93.com/magazine/l-ecriture-du-silence

« [Derrière] cette histoire, il y a la tension qui habite le texte et les personnages, un texte haché, minimaliste, plein de blancs, d’absences, de mots à peine commencés sitôt tus, de phrases incomplètes et d’incompréhensions. Un texte qui parle autant par les mots que par ses silences. Les personnages connaissent toute l’histoire dès le début de la pièce mais, gênés, empêchés, n’en laissent sortir que des bribes. Des détails qui mettent le lecteur sur des pistes parfois fausses. »

Patrick Gay-Bellile – Le Matricule des anges https://lmda.net/2020-10-mat21713-corde_raide

« Dans corde.raide, debbie tucker green détourne ce stéréotype de la femme noire en colère et présente cette rage comme capable d’ébranler le statu quo. D’abord, l’humour grinçant et l’absurdité de certaines scènes soulignent à quel point la colère de Trois est légitime. En plus d’avoir subi un crime atroce, elle doit endurer cette autre forme de violence : l’aveuglement volontaire des deux agent·es face à certaines injustices, leur insignifiance, leur fausse sollicitude. Dans corde.raide, toutes les violences sont dénoncées, les plus grandes comme les plus « petites ». »

Alexandra Pierre, dramaturge https://espacego.com/les-spectacles/2023-2024/corde-raide/autour-de-corde-raide/

Entretiens autour de corde. raide

Comme un épisode de Black Mirror

On entre dans corde. raide de debbie tucker green comme dans une série d’anticipation, retrouvant quelques repères nous indiquant que c’est un monde semblable au nôtre avec quelques détails qui nous précisent que c’est un futur proche, crédible, réaliste. Tout l’enjeu de cette pièce est de laisser les spectateurs découvrir, au fil des dialogues, quels sont les thèmes abordés. Il ne faut pas « divulgâcher » l’histoire, ainsi chacun pourra se faire son idée et peut-être même se laisser surprendre.

Discussion autour de la création corde raide de debbie tucker green
Présentation pour La Tempête

Autour de la traduction

corde. raide de debbie tucker green aux Éditions Théâtrales

Entretien croisé avec Emmanuel Gaillot, Blandine Pélissier et Kelly Rivière

« La traduction à trois n’est pas une pratique courante et demandait malgré tout à être inventée dans ce contexte précis. C’était une volonté du Comité anglais de la Maison Antoine Vitez – dont nous faisons partie – de traduire plusieurs pièces de debbie tucker green par trios, convaincu que les difficultés de son œuvre offraient un terrain de travail propice à la collaboration et à l’enrichissement mutuel de nos pratiques.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire et en particulier dans le cas de debbie tucker green, la traduction à trois devient plus aisée, car sa langue et son univers sont complexes. »

Lire l’intégralité de l’entretien : https://www.comediedebethune.org/questions-aux-traducteur-rices-de-corde-raide/

Évolution du décor

Présentation de la maquette du décor

Montage du décor à la création en septembre 2022

La scénographie a été réalisée par Mathien Lorry-Dupuy.

Le décor de corde. raide est un élément très important de la pièce, presque un personnage, un signifiant dramaturgique qui instaure une atmosphère étrange et froide, un cadre aseptisé qui appuie les propos du texte de debbie tucker green.

Suite à la création, une version plus légère du décor a été réalisée pour permettre une meilleure installation sur les différents plateaux des théâtres.

Scénographie, entretien avec Mathieu Lorry-Dupuy

Photographies du spectacle

© Simon Gosselin

Presse / médias

« Peu de Français ont monté ses textes. Cédric Gourmelon, directeur du Centre dramatique national de Béthune, a osé s’attaquer à hang (« corde. raide ») pièce qu’elle avait créée au Royal Court, en 2015. Dans un futur indéterminé, se déroule cette audition où, à l’affût du moindre indice, on cherche à comprendre ce qui se joue. Le suspense y est presque intenable tant les répliques sont toujours brutalement coupées. De cette partition très difficile, les deux comédiennes – surtout – réussissent à faire vivre tous les non-dits. Laetitia Lalle Bi Benie, dans le corps prostré de « Trois », mère de famille qui a autrefois subi une agression d’une violence extrême – jamais décrite –, décoche ses tirades comme des flèches. Face à elle, Frédérique Loliée (« Une ») est la garante pointilleuse du déroulé de l’interrogatoire. De leurs échanges, rythmés de condescendance, d’incompréhension, de décalages involontaires, se dégage un comique cruel. »

Emmanuelle Bouchez (29 avril 2024)

« L’angoisse envahit l’espace, tant la fragilité de l’une contraste avec le ridicule des deux autres. Le rire du spectateur s’impose en vue de rompre ce cauchemar éveillé, cet absurde engrenage, cette maudite série noire. Un huis clos poignant, prégnant, servi par un imposant trio de comédiens que Cédric Gourmelon guide avec tact en cette société aseptisée. Si d’aucuns ont osé tirer sur le pianiste en des temps pas si reculés, il importe désormais de ne pas trop tirer sur la corde ! »

Yonnel Liégeois (26 avril 2024)

« Corde. raide » : une angoissante machine administrative
« corde. raide est une pièce drôle par moments, mais le spectateur en découvre progressivement l’univers oppressant. Sans en maîtriser les tenants ni les aboutissants, et la suite, que l’on ne dira pas, est de la même eau trouble. La jeune femme qu’ils ont reçue, remarquablement interprétée par Lætitia Lalle Bi Benie, poursuit-elle aussi un objectif dissimulé. Elle ne s’exprime que par monosyllabes, tout en développant une colère véritable. (…) corde. raide est censée se dérouler dans un futur proche. Mais elle glace le sang dès aujourd’hui, avec maestria.»

Gérald Rossi (21 avril 2024)

Cédric Gourmelon sur la corde.raide de debbie tucker green
« Encore peu monté en France, le théâtre de debbie tucker green repose sur une écriture ciselée à l’extrême, dont Cédric Gourmelon s’empare de la plus simple des manières pour lui donner l’ampleur et la profondeur qu’elle mérite. Car, entre ces trois individus, tout n’est, en définitive, qu’une affaire de langage. Alors que celui des deux employés ne cesse d’achopper, que l’une comme l’autre peinent à finir leurs phrases, qu’ils se réfugient dans des termes piochés dans une novlangue d’une neutralité froide comme la pierre et d’une substance toute relative, la victime, une femme noire comme l’impose le texte de l’autrice britannique, utilise la puissance de feu de la parole pour tout fracturer. Fracturer cette bienséance de façade qui masque mal un manque d’humanité, fracturer un système judiciaire du futur, organisé par une entreprise privée et fondé sur une contractualisation à ce point neutre qu’elle échoue à produire toute réparation et ferait regretter le temps de la justice imparfaite des Hommes par les Hommes et pour les Hommes, fracturer cette absence totale d’empathie dont font preuve les deux hôtes protégés et enfermés dans leur protocole. »

Vincent Bouquet (21 avril 2024)

« Rarement une mise en scène n’aura aussi bien montré la déshumanisation de nos systèmes. Le statut de la parole en est la symbolique la plus visible. Ces agents veulent « se mettre à la place » de la victime mais comment osent t’ils prétendre comprendre une femme crucifiée ? La « plaignante » cherche un peu de solidarité, pas grand-chose, une présence, mais cela ne figure pas dans les fameux protocoles. Les conseillers sont dans un poste ou ils ne peuvent pas regarder dans les yeux la victime et risquer de l’influencer sauf à désobéir. Ils sont tout aussi piégés qu’elle, on finit par avoir de la sympathie pour eux. De toutes façons personne n’a de nom, d’histoire, d’identité (dans le texte ils s’appellent UNE, DEUX, TROIS).  Encore plus terrible qu’en venir aux mains, l’ubérisation du langage vidé de tout affect. Ce théâtre rend palpable la douce violence que nous subissons au quotidien. (…) Cédric Gourmelon évite le piège du naturalisme, maintient un ton décalé, un faux rythme délié qui transforme la confrontation judiciaire en un ballet mystérieux, presque atemporel dans un espace sidéral, l’ère du vide. »

Sylvie Boursier (21 avril 2024)

« Entre le décor impressionnant à la froideur chirurgicale, le jeu des comédiens dont le corps et les postures sont tout en tension, et ce texte à l’originalité certaine, le spectateur suit le fil haletant de ce moment de malaise communicant et communicatif. Une fois sorti du théâtre de la Tempête, le spectateur retrouve la nuit de la Cartoucherie qui s’oppose à la blancheur aveuglante du décor de la salle de réunion anonyme de « corde. raide ». Des impressions diffuses de la pièce persistent, preuve de la réussite de cette belle mise en scène. »

Eric Dotter (19 avril 2024)

« Une pièce foudroyante que sert avec une grande réussite la mise en scène de Cédric Gourmelon. »

Micheline Rousselet (27 septembre 2022)

Cédric Gourmelon met en scène corde. raide, de debbie tucker green. Formidable rencontre !
« Terrorisme technophile, marchandisation de la justice, anéantissement du commun, asservissement des relations humaines par des procédures mécanisées, chosification des personnes et déni de la dignité : corde. raide donne voix à ces avatars de la terreur qu’interprètent Frédérique Loliée, Lætitia Lalle Bi Benie et Quentin Raymond avec un impeccable talent. Avec ce spectacle, Cédric Gourmelon fait honneur à la mission des CDN : être des vigiles de l’esprit. »

Catherine Robert (23 septembre 2022)

« La mise en scène de Cédric Gourmelon est réglée et orchestrée avec grande précision. Les mots s’envolent et nous transpercent en plein cœur. Nous sommes ébranlés, nous n’osons respirés tant l’émotion est forte. »

Claudine Arrazat (23 septembre 2022)

CORDE. RAIDE. QUAND LE SILENCE DIT L’INACCEPTABLE.
« Dans l’univers aseptisé où, sous un éclairage fixe presque immuable, se noue cette histoire glaçante dont la gradation dans l’horreur avance sans coup férir, liberté est laissée au spectateur de reconstituer en partie la fable, d’inventer sa fable, de s’inscrire dans le scénario en complètant les blancs, pour devenir lui-même l’un des personnages, un narrateur partie prenante de l’histoire. »

Sarah Franck (22 septembre 2022)

Tension maximale pour l’ouverture de la saison à la Comédie de Béthune avec corde. raide.
« L’écriture est ciselée, l’ambiance est tendue. Comme une corde. On est suspendu à l’intrigue comme dans une série. On ne vous en dira pas plus car le spectacle perdrait tout son intérêt. Sauf qu’il est énormément question de langage et que ça parle de problématiques actuelles. Ah oui, et ça remue. »

Elsa Lambert-Ligier (21 septembre 2022)

Quelques liens

corde. raide

debbie tucker green / mise en scène Cédric Gourmelon

© Simon Gosselin

Cédric Gourmelon : « C’est une autrice impressionnante au geste fort et singulier. Son théâtre est complexe à traduire, même si ses mots sont simples et directs. Il y aura bientôt autour d’elle le même phénomène qu’on a connu avec Sarah Kane, du fait de leur compréhension suraiguë de notre société. Je suis persuadé qu’on va bientôt monter son œuvre partout : peu de ses pièces sont jusqu’alors accessibles en français. Elle exige que son nom et les titres de ses pièces ne comportent pas de majuscules, en hommage à bell hooks, intellectuelle américaine questionnant la place des femmes noires dans nos sociétés. J’avais lu mauvaise, que  Sébastien Derrey a mis en scène magnifiquement et j’ai découvert corde. raide, où l’humour est davantage présent mais où l’on retrouve la même terrible tension et une précision absolument unique dans l’écriture, qui paraît naturaliste et simple mais est extrêmement travaillée. »

corde.raide de debbie tucker green, mise en scène de Cédric Gourmelon – La Terrasse 24 août 2022
https://www.journal-laterrasse.fr/corde-raide-de-debbie-tucker-green-mise-en-scene-de-cedric-gourmelon/